COMMUNICATION PRÉSIDENTIELLE - Tiani : l’homme qui ne mâche pas ses mots

COMMUNICATION PRÉSIDENTIELLE - Tiani : l’homme qui ne mâche pas ses mots

Cette

question, beaucoup de Nigériens se la sont posée. Du reste, le Président Tiani n’en est que très habitué à venir ressasser les mêmes thèmes, dans le but d’édifier ses compatriotes pour les faire comprendre les vrais enjeux de l’époque pour un pays qui a choisi de faire de sa souveraineté un sujet non négociable. Mais pour cette dernière intervention, trop longue et souvent fastidieuse, les Nigériens avaient l’impression d’entendre le même discours, les mêmes refrains dans lesquels la France revenait comme un leitmotiv obsessionnel. Du reste, bien d’autres analystes l’ont relevé. En vérité, les Nigériens attendaient leur président plus sur d’autres sujets que le partage quelque peu désobligeant de renseignements somme toute précieux qu’un Etat doit savoir plus exploiter que d’en faire la succulence de révélations aux goûts du sensationnel. Il maîtrise certes ses sujets, mais doit-il franchement tout dire ? Sans doute que non et c’est certainement pourquoi, Gérard Davet et Fabrice L’homme, des journalistes d’investigation, en France, écrivaient pour un président tout aussi loquace, François Hollande, Un Président ne devrait pas dire ça – en sous-titre, Les Secrets d’un quinquennat, ce, afin d’interpeller sur les imites d’un discours présidentiel. Les Nigériens ont donc écouté leur président. Mais d’autres, sceptiques, s’y sont refusés, se disant qu’il n’y aurait rien de nouveau à entendre. Ils n’ont pas tort, peut-être.

La France, le Nigéria, le Benin et patati patata

Les mêmes accusations sont revenues et on ne comprend pas pourquoi, le sachant, il y a quelques jours, Niamey recevait le ministre des Affaires Etrangères du Nigéria et pourquoi, sortant du pays, l’ancien président qui semble avoir les faveurs du régime de transition, partait rencontrer un certain Ouattara, grand client – pour ne pas dire mercenaire – de la France attaquer le Niger et pour nous abattre. Combien d’hommes promettait-il de mobiliser pour aller en guerre contre le Niger, sous les auspices de la CEDEAO ? Un tel homme peut-il être plus fréquentable qu’un Patrice Talon ? L’entretien a donc été tellement long et laborieux que l’on ne voyait pas venir les questions qui préoccupent l’opinion. Ces discours contre un autre, les Nigériens les ont suffisamment entendus qu’il fallait aujourd’hui passer à autre chose, à leur proposer du neuf et du consommable. Le discours anti-impérialiste ne se consomme plus. Après que l’on ait réussi à faire partir les forces étrangères, et que déjà un autre – l’Amérique – revient et sur ce sujet on a entendu les précautions chez le Général Tiani à distinguer deux Amériques – celle de Biden et celle de Trump – pour faire montre d’indulgence pour la seconde alors que les deux ne devraient pas être si différents tant qu’il s’agit des intérêts américains et de la politique étrangère américaine.

On aura donc compris que le Niger se trouve aujourd’hui au milieu de grands complots, mais comment y faire face, quand visiblement l’on fait le vide autour de soi ? Est-ce seulement par de tels discours qui laissent très peu de place à la diplomatie qu’on pourrait y parvenir ? Les Nigériens savent, eux, depuis que le pays fit les choix qu’ils avaient faits, que les choses n’allaient pas être faciles et qu’un autre, par tous les moyens – puisqu’il l’a même ouvertement promis – n’allait pas les laisser aller facilement dans ces nouvelles logiques révolutionnaires sans tenter de contrarier les velléités indépendantistes, souverainistes, de nos pays qui montrent aujourd’hui la voie à une Afrique hésitante à prendre ses responsabilités et à s’assumer.

Mais l’interview du président n’a pas fait que nous montrer les dangers qui nous guettent, guettent notre révolution, il nous a donné à comprendre que nous ne comptons plus d’amis sûrs, si ce n’est dans le cadre de l’AES. Quand les vrais amis, la Chine en l’occurrence, se retrouvent dans un autre jeu, et qu’on ne parle plus avec les mêmes fiertés de la Russie, il y a de quoi s’inquiéter ? Quel intérêt pourrions-nous avoir à avoir presque tout le monde contre nous ? C’est, du moins, l’impression qu’il a donné à ses compatriotes, aujourd’hui plus jamais déroutés, au lieu qu’ils soient rassurés. Pire, lorsque les questions de sécurités semblent le plus préoccuper dans cette intervention, on n’entend que peu, les solutions nigériennes envisagées pour y faire face afin que les Nigériens aient confiance à la nouvelle marche.

Les non-dits…

Et on n’entend rien de ce que la transition a envisagé pour faire face à la menace surtout ces derniers temps où l’on entend, par-ci par-là, des attaques et des morts, laissant des populations désabusées, plus que jamais inquiètes quant à l’expansion du terrorisme qui, en plus de la région de Tillabéri quadrillée, refait surface à Diffa, essaime la région de Dosso, réussit quelques excursions meurtrières dans les régions d’Agadez et de Tahoua. Ces questions sont importantes quand, aujourd’hui, nous sommes au début de la saison pluvieuse, pendant que les paysans, attendant d’être rassurés, se demandent, dans certaines contrées si cette année encore, ils vont pouvoir semer et cultiver leurs terres devenues des sanctuaires du terrorisme. Ils n’ont pas de réponse à cette préoccupation.

Parmi ces non-dits, il y a sans doute aussi les responsabilités nigériennes dans les contre-performances dans le domaine de l’exploitation du pétrole où, on entend accuser les partenaires chinois sans qu’on ne nous dise ce que les Nigériens du secteur pourraient avoir comme responsabilité dans le mal.

Pourquoi, se complait-on dans un tel silence sur cet autre aspect important qui pourrait nous permettre de voir plus clair dans la gestion du pétrole et de savoir y mettre fin ?

On ne peut manquer de relever que, parlant de la situation du pays, le Général Tiani, peut-être à dessein, choisissait de ne pas parler du front social qui commence à s’allumer avec des acteurs sociaux qui renouent avec les grèves, presque dans l’indifférence du gouvernement, aujourd’hui acculé à moult problèmes. Aussi, alors que l’on est à un pas de la fête de Tabaski, certains travailleurs ne sont toujours pas payés. Ça ne rigole plus dans le pays : on est, plein, dans le sérieux. Et les Nigériens, à juste titre, s’en inquiètent. Leur président doit les rassurer.

Quant à l’article 12 qui continue à provoquer des grincements de dents qui ne sont pas prêts de s’estomper, il ne pipe mot et le journaliste n’ose lui poser une question, entendu que signé, le sujet pourrait fâcher. Et l’on a l’impression que certains des sujets qui préoccupent aujourd’hui les Nigériens ne seraient plus considérés par le régime comme des sujets sérieux. Une telle attitude pourrait pourtant davantage creuser la fracture dans un pays qui, dans les moments compliqués qu’il traverse, a plus besoin de cohésion et d’unité. Le Niger, revient-il à la même gare, sans jamais partir, alors qu’on avait cru, qu’il amorçait un nouveau départ ? A-t-il donc tout dit ? A priori l’on peut croire que le Président aura tout dit , mais il ne dit pas tout, et passe même à côté de l’essentiel. Voilà bien le sentiment de bien de Nigériens qui se refusent même à commenter son intervention qui intervient au milieu des malaises d’un pays qui a commencé à douter. Mais comment ne pas se réjouir au moins de ses engagements renouvelés de ne pas trahir les aspirations légitimes du peuple, faisant ce serment moral de servir son pays dans la loyauté et par patriotisme ? Cette parole, au milieu des déceptions et des doutes, rassure.

Source: Nigerdiaspora

PRESENTATION DU PROGRAMME DE RENAISSANCE III DU PRESIDENT BAZOUM MOHAMED

 

DECLARATION DE POLITIQUE GENERALE DU PREMIER MINISTRE OUHOUMOUDOU MAHAMADOU