Ambassade de la république du Niger au Mali
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La semaine derrière, les Nigériens avaient été surpris d'apprendre la publication d'une ordonnance qui déchoit un certain nombre d'acteurs de l'ancien régime, tous proches de Bazoum, qui perdaient leur nationalité nigérienne, devenant comme ces hyènes aveugles et égarées, ne sachant où aller, des récits épiques de Djado Sékou. Il est vrai que c'était depuis des semaines que la nouvelle loi avait été adoptée et, à l'époque, alors que le ministre de la Justice sortait pour expliquer que le texte ne serait pas à porte-à-faux avec les textes de la République, l'on pensait tout de suite que l'entrée en matière dans l'application de cette loi devrait être faite avec un certain Massaoudou et consorts. L'homme, on ne sait, par quelle feinte, vient d'échapper au couperet de la guillotine. Mais, l'annonce de la déchéance venait à un moment où la décision semble avoir peu de chance d'être entendue, les Nigériens ayant d'autres préoccupations qu'ils jugent plus pressantes. Cette décision sert-elle donc les colères contre des gens qui ont pris sur eux la grave responsabilité de la destruction de leur pays, au moyen des armes des autres invités à assaillir le Niger, ou bien sert-elle le désir de régler des problèmes réels du pays ? Il est difficile de répondre à ces questions tant, l'on peut trouver dans ce qui a été annoncé un peu des deux pour croire finalement que, peutêtre, dans le contexte actuel, les Nigériens pourraient mieux s'attendre à d'autres actes que celui-là et qui puissent mieux servir le lien du CNSP avec le peuple et servir son action à la tête du pays qui, seule, pourra lui permettre de rentrer dans l'histoire, et même dans la légende.
En tout cas, contre toute attente, l'annonce de la déchéance de neufs acteurs de l'ancien régime, même s'ils pourraient l'avoir bien mérité, n'a pas eu l'écho qu'on en espérait et la nouvelle est presque passée sans grand bruit, les Nigériens étant restés, depuis quelques semaines, méfiants, à ne pas trop s'emballer de certaines mises en scène du régime militaire duquel on a attendu, sans l'avoir vu venir, le grand virage qui conduit au changement escompté par la majorité des Nigériens.
Questions simples…
Depuis l'annonce de la décision, au regard du nombre et de la qualité de ceux qui avaient été déchus de la nationalité nigérienne, le Nigérien lambda s'est posé quelques questions avec d'abord celle-ci : maintenant que ces neuf personnalités ne sont plus des Nigériens du moins provisoirement - le Niger peut-il les poursuivre et, notamment, demander de la part d'un Etat tiers, leur extradition, ce surtout que, après avoir perdu leur nationalité, les Etats qui les hébergent, tout en sachant leurs déboires avec leur pays d'origine, pourraient, en solidarité avec leur action et leur rébellion contre le Niger, leur accorder la nationalité comme le Niger l'a fait pour Kémi Séba en conflit avec la France et avec les autorités de son pays d'origine, le Benin ? Les autorités du Niger, avant de prendre un tel acte, ontelles pensé à tous ces dessous de cette affaire qui pourrait permettre à ces gens de s'en tirer à bon compte quand on sait qu'ils sont nombreux, les acteurs de l'ancien régime, à s'offrir des appartements dans de nombreux pays du monde, dans l'espoir sans doute, lorsqu'ils auront fini de piller le pays, d'aller s'installer en prince gâté, pour une retraite dorée. Il faut donc, dans ces cas, craindre que cette décision, peut-être très impulsive, ne serve juste des colères alors qu'après avoir pillé ce pays, peut-être qu'ils n'ont plus besoin de ce pays, et notamment d'y vivre même s'ils laissaient derrière eux les siens, des familles. C'est sans doute pourquoi, pour de nombreux Nigériens, une autre décision aurait pu être mieux comprise dans la situation actuelle du pays, notamment celle qui rendra compte aux Nigériens, au cas par cas, de ce que chacun des acteurs de l'ancien régime, doit au contribuable. On ne comprend d'ailleurs pas, alors que la transition en difficulté de trésorerie, cherche encore l'argent, s'inspirant des mêmes pratiques de l'ancien régime, à cherchant à presser le pauvre citoyen pour lui soutirer jusqu'au dernier liard, alors que des gens qui ont volé les milliards continuent à se la couler douce, hors de portée de la Justice. Peut-on donc croire à une réelle volonté des militaires de s'attaquer au phénomène pour faire la lumière et toute la lumière sur la gestion des camarades, de 2011 à juillet 2023 ?
Comment, le régime en place, au nom de l'Etat qui vient de renier ces neuf personnes, désormais ex-Nigériens- et cela n'est que peu arrivé dans l'histoire du pays - peut-il avoir à les amener à répondre devant les juridictions nationales, surtout, d'une part, qu'ils ne sont plus dans le pays et que, dans la mesure où ils venaient à bénéficier d'une autre nationalité, ils peuvent s'en réclamer pour résister à une extradition dûment demandée par l'Etat du Niger ? Mais alors, pourquoi, pour certains cas, connaissant la gravité des actes qu'ils posaient, avant de les déchoir de la nationalité, n'a-ton pas demandé aux gouvernements des pays qui les hébergent de les éconduire au Niger pour répondre de leurs actes ? Pourquoi, alors que l'Etat en avait les moyens, a-t-on laissé ces personnes sortir du pays au lendemain du coup d'Etat, fuyant souvent avec des parts importantes de leurs fortunes illicites ?
Une autre question voudrait qu'on sache pourquoi, d'autres - et les premiers qui appelaient à attaquer militairement le Niger - ne sont pas de la liste diffusée alors que c'était eux qui misaient sur une telle action pour leur permettre de récupérer la situation et de revenir au pouvoir pour régler des comptes aux Nigériens. Quelle logique le CNSP suit-il pour expliquer cette incohérence ?
On comprend que les Nigériens ne se soient pas trop enthousiasmés de cette décision, restant discrets à l'apprécier. Alors que certains - ils sont peu nombreux - peuvent s'en réjouir pour voir un pas important à faire payer à ceux qui ont décidé de la destruction du pays par une coalition étrangère, d'autres, plus nombreux interrogés sur les médias, n'y voient qu'un acte décidé sur du superfétatoire alors qu'il y a mieux à faire pour convaincre sur les choix de la transition. Peut-être que le CNSP s'en est rendu compte pour comprendre qu'il y a aujourd'hui des malaises dans la société nigérienne dont la conséquence est l'effritement du soutien populaire autour de la transition. Le pacte avec le peuple, comme quoi, reste bien fragile, ne pouvant être consolidé que par des actes concrets de mise en confiance d'un peuple qui a commencé à douter.
Peut-être que les concernés, qui ne manquent pas de relations, et peutêtre aussi de soutiens dans le pays, ont des échos de cette situation qui pourrait dénoter des fragilités de la transition qui a, aujourd'hui, besoin encore du même ciment populaire pour le protéger. Dans la foulée, l'on avait entendu, sur les réseaux sociaux, l'ancien ministre sans portefeuille à la présidence, Rhissa Ag Boula, qui regagnait le maquis depuis qu'il perdit le confort du pouvoir à la suite du coup d'Etat, se rangeant du côté de Bazoum pour prétendre défendre sa cause oubliant qu'il la lui compliquait avec une telle prise de position. Dans un audio court, l'ancien-nouveau rebelle joue sur deux tableaux ; un pour faire entendre qu'il essaie de contenir les ardeurs vengeresses de ses combattants pour régler ses problèmes lui-même avec les militaires, et sur un autre pour faire croire qu'il serait un guerrier capable de prendre en charge ses contradictions avec le régime comme il l'aurait réussi en d'autres temps, en 2007 précisément où, rappelle-t-il, il avait été condamné à mort pour assassinat politique, toute chose dont il ne peut raisonnablement tirer gloriole. L'homme, en effet, d'un tel fait peu glorieux, semble s'en vanter à faire croire qu'il réussissait un exploit. Mais, il oublie que les contextes ne sont pas les mêmes et, qu'aujourd'hui, perdant sa crédibilité au milieu des siens, en adoptant ses postures extrémismes, il risque de se mettre à dos qu'un peuple qui n'a que faire de telles belligérances depuis qu'il décidait, après avoir signé des accords de paix, et la cérémonie historique de la flamme de la paix, de faire pour leur pays - le Niger - le choix de la paix, refusant désormais de se laisser pousser dans des aventures par lesquelles, en d'autres temps, d'autres les avaient trompés en leur servant de grossiers mensonges. Rhissa sait très bien qu'il n'a plus la même écoute dans les communautés qu'il voudrait manipuler, toute le monde ayant désormais compris que le pays a plus besoin d'autres choses que de guerre, et ce depuis que tous avaient compris que, même ce désert immense pouvait être un moteur de l'économie régionale et nationale.
Personne ne peut plus tromper personne…
Le Rhissa de 1989-1990, peut-il d'ailleurs être celui d'aujourd'hui qui a connu les ors du pouvoir, et qui, enrichi au gré des faveurs du régime, pouvait même offrir quelques dizaines de millions de nos francs aux filles d'honneur de l'épouse de son fils qui se mariait au Congo ? Sans doute que non, car l'âge jouant son rôle, l'homme habitué aux délices de la vie, ne saurait supporter l'enfer du maquis pour un autre qui, de toute façon, a tout perdu, forcément.
Aujourd'hui, il y a au moins un aspect sur lequel l'on demandera l'intransigeance de la transition pour saisir les biens et les avoirs au Niger de ces gens et surtout lorsque des cas de malversation venaient en plus à leur être opposés dans la gestion qui avait été la leur pendant les moments de vaches grasses de la Renaissance.