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Le
rapport d’inspection du domaine pétrolier : La patate chaude sur le point d’être refilée à la Coldeff
Dans sa volonté d’assainir les finances publiques durement malmenées par le régime de la renaissance du duo Issoufou Mahamadou/Mohamed Bazoum, le Président du Cnsp, le Général Tiani Abdourahamane, a mis en place la Commission de Lutte contre la Délinquance Economique, Financière et Fiscale (Coldeff). Depuis des mois, cette institution travaille sur des dossiers de mauvaise gestion publique et de détournements de deniers publics. Pour la plupart des cas, la Coldeff se fonde sur d’anciens dossiers déjà bien ficelés, comme des rapports d’inspections d’Etat ou des rapports d’inspections de finances ou encore des rapports de contrôle des comptes publics de la Cour des Comptes.
Mais, le rapport d’inspection dont il est, aujourd’hui, question, est relatif à l’inspection d’Etat diligentée par le Cnsp dans le domaine minier et pétrolier. Et c’est ce volet pétrolier qui nous intéresse ici.
Le rapport effarant d’inspection du domaine pétrolier
Pour ce qui est du dossier pétrolier dont il sera question dans les lignes qui suivent, c’est le rapport d’inspection d’Etat qui avait été diligentée par les autorités du Cnsp dans le cadre de la réévaluation de toutes les conventions du Niger avec des partenaires dans les domaines minier et pétrolier. A la suite de visites de terrain, l’ancien ministre du pétrole, Mahamane Moustapha Bako Barké, avait déclaré, aux micros de la presse, que des inspections d’Etat et autres audits de gestion seraient engagés au niveau de la Sonidep et de la SORAZ afin de tirer au clair certaines irrégularités commises dans la gestion financière de ces deux sociétés. Dans une de nos livraisons récente, votre journal avait abordé le dossier explosif de la Société Nigérienne de Pétrole (Sonidep) qui devait 240 milliards de Francs CFA à la Société de Raffinerie de Zinder (SORAZ), au titre d’arriérés de payement de factures de fourniture de produits pétroliers raffinés. Ce montant colossal était la résultante de plusieurs années de mauvaise gestion pratiquée par le régime de la renaissance sortant qui avait eu en charge la gestion de l’exploitation pétrolière au Niger, entre 2011 et 2023, soit douze années. C’est le chiffre qu’avait déjà révélé le rapport d’inspection demandé par le seul Directeur Général de la Sonidep n’appartenant pas au clan d’Issoufou Mahamadou, à savoir Ibrahim Mamane, nommé par Mohamed Bazoum, en novembre 2021. Mais, à l’époque, les protagonistes du dossier avaient encore pignon sur rue, et naturellement, ce rapport accablant avait été subrepticement été mis de côté, en prétextant qu’un incendie se serait déclaré au Siège de la Sonidep ayant détruit le précieux document. S’il vous plaît, à l’heure du numérique, une telle version des faits reviendrait à prendre les Nigériens pour de simples imbéciles heureux dans le meilleur des mondes possibles ! La vérité, c’est que ce rapport ne pouvait jamais connaître la suite normale, à savoir la procédure judiciaire pour situer les différentes responsabilités ou culpabilités, puisque le même système politique mis en cause était encore influent, pour ne pas dire, très ou trop puissant, en ces temps-là. Ce clan politico-pétrolier à l’origine de ces ravages était, naturellement, celui qui avait gravité autour de la présidence d’Issoufou Mahamadou, durant plus d’une décennie, quand ce n’était pas ce dernier lui-même qui en tirait les marrons du feu. Pour toutes ces raisons, ce rapport accablant ne pouvait connaître d’autre sort que celui qui avait été le sien, à savoir l’impunité, le classé sans suite, pour parler en termes de procédure pénale générale.
Cependant, de nos jours, la situation politique nationale a bien changé à maints égards, et le dossier pétrolier pourrait ainsi faire l’objet d’un oeil inquisiteur pour tenter d’y voir un peu plus clair.
Le dossier pétrolier : une patate chaude sur le point d’être filée à la Coldeff
D’après des sources bien informées, dans les semaines à venir, le rapport d’inspection du domaine pétrolier atterrira sur le bureau du président de la Coldeff, le Colonel de Gendarmerie Abdou Wahid Djibo. Déjà, pour certains aspects de la gestion passée de la Sonidep, notamment à propos de certaines subventions données par la Société d’Etat dans des conditions peu orthodoxes, des anciens DG de la Sonidep avaient été entendus par la Coldeff. Mais, cette fois-ci, il s’agirait du lourd, du trop lourd même, car il serait question de l’ensemble de l’inspection qui aurait concerné le domaine pétrolier, et pas que la Sonidep seulement, y compris la SORAZ, la CNPC et autres permis de recherches en matière pétrolière. On peut ainsi le voir, c’est du costaud que la Coldeff s’apprêterait à avoir sous la dent, dans les prochains jours, peut-on espérer. Ce serait sans doute le plus grand scandale politico-financier de toute l’Histoire du Niger contemporain, puisque d’après des fuites de ce rapport époustouflant, ce ne seraient pas moins de 2.000 milliards de nos francs qui seraient concernés par ce casse financier du siècle au Niger. Car, ne l’oublions pas, l’exploitation pétrolière au Niger, durant plus d’une décennie, aura embrassé des montants astronomiques qui avaient pris différentes destinations selon les intérêts au centre du jeu. C’était essentiellement grâce à la manne pétrolière que le régime de la renaissance d’Issoufou Mahamadou avait financé toute son entreprise mercantile et mercantiliste pour asseoir et fortifier son règne politique controversé sur le Niger, entre 2011 et 2023. Avec ces milliards du pétrole, Issoufou Mahamadou et son clan pouvaient s’assurer toutes sortes d’allégeances politiques et autres achats de conscience pour s’octroyer une légitimité électorale qui était loin de correspondre à l’audience réelle de ce régime auprès des populations nigériennes.
En réalité, le pétrole nigérien, en un mot, aura beaucoup plus servi Issoufou Mahamadou et son clan politique que le Niger et son peuple.
En décidant de donner une suite normale au dossier pétrolier, les autorités de la transition, courent, semble-t-il, le risque de filer une patate bien chaude à la Coldeff, au regard de l’explosivité de ce dossier très sensible qui pourrait ébranler bien de certitudes. En effet, depuis de nombreuses années, le dossier pétrole nigérien a des ramifications politiques et autres beaucoup plus profondes qui pourraient remonter plus haut et également de façon horizontale pour concerner des positions aujourd’hui en situation de force.
En décidant, aujourd’hui, de creuser ainsi ce dossier hautement inflammable, l’acte du pouvoir actuel pourrait s’apparenter à la volonté de refiler une patate bien chaude à la Coldeff, au regard des colossaux enjeux entourant ce dossier qui serait susceptible d’éclabousser bon nombre de décideurs publics actuels, sans compter les tentacules politiques de l’affaire. On disait d’ailleurs que parmi les raisons ayant conduit au limogeage récent du ministre du pétrole, Barké, se trouverait son ‘’karambani’’ (curiosité coupable) de chercher à savoir ce qu’il ne devait pas savoir dans la gestion passée du dossier pétrolier nigérien. Le ministre Barké était allé jusqu’à affirmer que c’était 35 000 barils/jour que la SORAZ raffinait au lieu de 20 000 barils/jours. Où partait, alors, les 15 000 barils/jour excédentaires ? Mystère et boule de gomme, manifestement !
C’est dire donc que la Coldeff semble avoir du ‘’ Kokowa’’ (lutte en haoussa) en perspective !
Source: Nigerdiaspora