Conseil National de Dialogue Politique (CNDP) : Un sabre en bois ?

Conseil National de Dialogue Politique (CNDP) : Un sabre en bois ?

Ces

derniers temps, le débat qui domine dans les milieux politiques de l’opposition nigérienne est relatif à la tenue d’une session du fameux Conseil National de Dialogue Politique (CNDP). D’après certaines informations, le régime de la renaissance souhaiterait soigner son image, à l’occasion de la visite, dans les prochains jours, au Niger, du président de la république française, Emmanuel Macron. Face au suzerain néocolonial gaulois, le vassal nigérien désirerait, alors, présenter l’image d’une nation unie, d’une classe politique consensuelle et d’un climat social apaisé. Juste pour 48 heures, mettre en sourdine toutes les contradictions majeures du moment, afin de réserver un accueil des grands jours à cet invité de marque ! Quitte à se réveiller, le lendemain, avec une terrible gueule de bois à la hauteur de l’ivresse de la veille ! Cela s’appelle, tout simplement, une fuite en avant, ou bien, la politique de l’autruche. On le sait, depuis fort longtemps, le principal souci du régime de la renaissance est sa propension obsessionnelle à recourir, toujours, à l’apparence, à la dissimulation, voire à l’imposture, pour parvenir à ses finalités. C’est un régime qui carbure à fond au système de la ‘’Taqîya’’, qui est cette invention astucieuse de certains courants islamiques rigoristes qui consiste à dissimuler leur véritable discours ou identité derrière des apparences, ou à édulcorer le vrai message par des artifices. En effet, sous des dehors trompeurs, le régime de la renaissance était, en réalité, un monstre politique froid, impitoyable à l’égard de l’adversaire politique qu’il assimile, souvent, à l’ennemi. Pour conserver le pouvoir, il est prêt à tout, adepte sans doute de la doctrine commode de la fin justifie les moyens. Les principes démocratiques dans leur ensemble, les libertés fondamentales collectives ou individuelles et les exigences de l’Etat de droit ne sont plus que de vains mots ayant perdu tout sens sous le régime de la renaissance. Progressivement, lentement, mais sûrement, une fois parvenu au pouvoir suprême, le PNDS/Tarayya aura réussi à atteindre son objectif ultime, qui est celui de liquider la démocratie nigérienne par tous les moyens. Pour parvenir à cette finalité, il fallait, d’abord, saborder une institution mythique, une originalité démocratique nigérienne et une trouvaille efficace pour la consolidation de la démocratie dans le pays, afin de la réduire à une existence purement folklorique, sans grand intérêt pour le pays. En effet, aujourd’hui, cela ne fait l’ombre d’aucun doute, le CNDP est, depuis de nombreuses années, dans une situation critique, une mort cérébrale, du fait tout simplement du climat politique et social délétère sciemment créé et entretenu par le régime de la renaissance, pour l’empêcher de fonctionner correctement. Cette situation avait été, délibérément, créée par le pouvoir personnel d’Issoufou Mahamadou, un pouvoir autocratique qui ne pouvait cohabiter avec un cadre démocratique et consensuel comme celui du CNDP. Vous l’aurez sans doute constaté, la conception politique qui était celle d’un certain Issoufou Mahamadou, était, en fait, une monarchie républicaine à la tête du pays, exactement comme le Bonapartisme, en France, un régime politique d’essence impériale s’incarnant dans des institutions républicaines centralisées. Or, une telle vision des choses ne pouvait se concevoir dans un contexte de pluralisme démocratique comme celui du CNDP. Il faut, peut-être, ouvrir ici, une petite parenthèse pour situer, un peu, le contexte historique particulier dans lequel ce cadre national de concertation politique avait vu le jour, afin de mieux saisir tous les enjeux actuels de la question. En effet, le CNDP était l’émanation de l’esprit du règlement pacifique des conflits politiques prôné par les Nations-Unies, en Afrique. Une corrélation avait été établie entre l’organisation d’élections démocratiques et la survenance de conflits post-électoraux. Pour éviter ces situations de tensions extrêmes, qui naissaient justes après des processus électoraux houleux, un cadre de prévention de ces conflits post-électoraux avait été conçu par cette institution planétaire. Au Niger, cela s’était traduit, en 2004, par la création du CNDP, sous l’égide de l’ONU et avec l’onction morale de ceux que l’on avait, à l’époque, appelés, ‘’les grands témoins’’, à savoir les représentants de la religion musulmane et chrétienne. Cette institution informelle, non constitutionnalisée, avait permis, à cette époque, d’enregistrer d’avancées significatives dans la prévention des conflits politiques. C’était grâce à ce cadre informel, qui avait l’avantage de regrouper toutes les sensibilités politiques du pays, présentes au parlement ou en dehors, que la révision du Code électoral de ces temps-là avait été obtenue, ainsi que celle du fichier électoral, qui étaient des pommes de discorde énormes entre le pouvoir et l’opposition politique de l’époque. Il faut rappeler, à cet effet, les rôles de chacun en cette période historique de la Cinquième République, avec comme côté pouvoir, le MNSD-Nassara du tandem Tandja/Hama, soutenu par la CDS/Rahama de Mahamane Ousmane, et du côté de l’opposition, le PNDS/Tarayya et ses principaux alliés comme le RDP/Jama’a, l’ANDP/Zaman Lahiya et autres. Il faut souligner que le rapport des forces politiques à l’Assemblée nationale était très écrasant en faveur de la majorité qui disposait de 87 députés sur 113 que comptait l’Hémicycle, et 25 députés pour toute l’opposition réunie. Mais, malgré ce déséquilibre des forces politiques en sa faveur, la majorité de cette époque avait accepté la règle de jeu au sein du CNDP, c’est-à-dire le consensus pour faire avancer le débat politique national. D’ailleurs, pour montrer sa bonne foi, la majorité assurait la présidence du CNDP, en plaçant celui-ci sous l’administration du Premier Ministre qui en dirigeait les travaux dans un esprit d’impartialité et de grande responsabilité politique. Certes, les débats y étaient souvent vifs, accrochés face aux enjeux pour les uns et pour les autres, mais finissaient, toujours, par déboucher sur de solutions consensuelles. Ainsi, du fait de ce dialogue politique en amont, la classe politique nigérienne de ces années-là avait pu parvenir à une sorte d’accalmie nécessaire à l’instauration d’un climat politique apaisé pour la stabilité politique et institutionnelle du pays. Il faut, aujourd’hui, rendre, sans doute, un hommage appuyé aux détenteurs du pouvoir de cet âge d’or du dialogue politique national de cette époque-là, des personnalités politiques que l’on faisait passer, très souvent, comme des non démocrates, des dictateurs, comme Mamadou Tandja et Hama Amadou. L’Histoire a sans doute permis de découvrir les vrais démocrates et ceux qui le revendiquaient seulement sur le bout des lèvres. Avec le recul du temps, on peut mesurer, de nos jours, tout le fossé entre les professions démocratiques d’hier du PNDS/Tarayya et les aspirations actuelles au pouvoir monarchique, dynastique ou clanique d’un parti politique qui s’était toujours réclamé du progressisme social et du républicanisme démocratique. Face à l’épreuve du pouvoir, il se sera révélé sous sa véritable nature, sans fard et sans déguisement, mais bien dans sa solitude ontologique. C’est pourquoi une institution importante comme le CNDP ne pouvait que connaître un triste sort, pour être, aujourd’hui, juste, un produit cosmétique pour oindre les choses, pour tenter de meubler la maison, comme on dit souvent. De nos jours, sous le régime de la renaissance, le CNDP est juste un événement pour les ‘’Guristes’’ de continuer d’amuser la galerie politique du Niger, en présence des caméras des télévisions de la place montrant des représentants de partis politiques autour d’une grande table de conférence, dans les locaux de la Primature ou du Palais des Congrès, pour n’y rien discuter de sérieux. Hélas, aujourd’hui, c’est ce seul aspect théâtral qui reste encore au CNDP qui est en train de sombrer, à l’instar du paquebot transatlantique, ‘’Titanic’’, après avoir heurté un géant iceberg dénommé le régime de la renaissance ! C’est tout simplement dommage pour la démocratie nigérienne mise à mal par les velléités nihilistes d’une classe dirigeante que l’on croyait, pourtant, appartenir au monde du progrès des idées et de l’idéal démocratique !

Source: Nigerdiaspora du 15 sept 22

PRESENTATION DU PROGRAMME DE RENAISSANCE III DU PRESIDENT BAZOUM MOHAMED

 

DECLARATION DE POLITIQUE GENERALE DU PREMIER MINISTRE OUHOUMOUDOU MAHAMADOU